On peut considérer la vie d'un homme comme un fait composé de cercles concentriques.
L'homme d'abord comprend, perçoit, raisonne et présente les questions dans un petit cercle d'abord. Ensuite ce cercle grandit. Ce ne sont pas les questions elles-mêmes qui grandissent mais plutôt le mode de raisonnement dans ce questionnement. Ainsi le deuxième cercle voit le jour. Lorsque l'homme, arrivé à un certain âge, passe au crible tout ce qu'il a vécu, il crée un troisième cercle plus vaste, plus grand et plus significatif.
Le plus petit cercle dans la vie de Bediiizzaman est celui créé par le milieu où il a grandi: Bitlis, une petite ville dans le sud-est anatolien. Les villages qui l'entourent s'organisaient pour l'éducation qui assure la liaison entre eux. Ce réseau de éducatif n'est autre que l'ensemble des madrassas naqch-bendis des environs de Hizan.
L'histoire de ces madrassas est la suivante: au XVIIe siècle en Inde, un mouvement est convaincu que la confrérie Naqch-bendi doit se réhabiliter. A la tête de ce mouvement se trouve Ahmad-al Sirhindi. Il a des disciples comme Shah Valiyyullah, et après lui des disciples comme Cheikh Khalid qui ont répandu cette idée jusqu'à Damas. L'idée qui est à la base de ce mouvement est la suivante:
Il ne faut pas donner trop d'importance au soufisme. Le moment de l'action est venu pour les musulmans. Quels procédés adopter pour mettre en oeuvre cette action? Laisser de côté les polémiques sur des nuances entre les savants et d'envisager le problème dans sa globalité. C'est cette idée que l'on retrouve dans l'expression concise de Bediüzzaman Said Nursi: « Le temps n'est plus aux confréries mais à la vérité. » C'est-à-dire qu'il faut penser à l'unité et à l'avenir de l'Islam. Cette branche de naqch-bendi, qui juge inutiles les anciennes polémiques et qui souhaite voir un Islam uni, s'appelle naqch-bendisme mujaddid. Elle se répand de l'Inde à Süleymaniye en Iraq et à Damas. Elle s'étend vers Bitlis, Hizan à la suite des efforts déployés par cheikh Khalid.