LE MOI ET L'ATOME | Le Moi Et L'Atome | 16
(1-80)

manière semi-versifiée dans les Eclairs sous forme d'un voyage imaginaire parce qu'elle éclaire cette vérité.
Ainsi, huit ans avant que je compose ce traité, j'assistai à un événement imaginaire comme un songe. C'était à Istanbul pendant le Ramadan, lors de la transformation de l'ancien Said, qui s'intéressait à la philosophie, en nou¬veau Said, et alors que je méditais sur les trois voies qu'indique la Fatiha bénie dans sa fin, à savoir :
«(...) Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. » 18
J'eus la vision suivante :
J'étais dans un vaste désert. Une couche de nuages obscurs, accablants et suffocants recouvrait la surface de la terre. Il n'y avait ni brise, ni lumière, ni eau, rien. J'imaginais par¬tout une foule de monstres et de créatures né¬fastes et sauvages. Je sentis qu'au-delà de ces terres se trouvaient la lumière, la brise, l'eau. Il fallait passer là-bas. Je réalisai qu'on m'y conduisait en dehors de ma volonté.
Je fus introduit dans une grotte en forme de tunnel et je voyageai par étapes à travers la terre. Je constatai que plusieurs personnes avaient emprunté ce chemin souterrain avant moi, qu'ici et là ils s'étaient noyés. Je vis les empreintes de leurs pas, et, un moment, j'entendis la voix de certaines d'entre elles mais elles s'éteignirent.
Ô mon ami qui m'accompagne dans ce voyage imaginaire ! Cette terre désertique, c'est la nature et la philosophie naturaliste. Le tunnel est la voie que les philosophes ont ou¬verte pour atteindre la vérité par leur pensée. Les empreintes que j'ai vues sont celles de célèbres philosophes comme Platon et Aristote.19
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18 Coran, 1:7.
19 Si tu dis : « pour qui te prends-tu pour défier ces célè¬bres philosophes ? Tu es comparable à une mouche et tu te mêles du vol des aigles ! » Alors je dis : « en ce qui concerne la vérité et la connaissance, tant que j'ai un maître éternel comme le Coran, je n'ai pas à accorder la valeur de l'aile d'une mouche, à ces aigles que sont les disciples de la philo¬sophie errante et de la raison victime d'illusions. Quel-qu'inférieur que je sois à eux, leur maître est mille fois infé¬rieur au mien. Grâce au secours de mon maître, ce qui les engloutit ne me mouilla même pas la cheville. En effet, un simple soldat qui respecte les lois et les commandements d'un grand souverain est capable de plus d'actions que le grand maréchal d'un petit souverain... ».

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