En effet, celui qui détourne quarante pièces des fonds publics ne peut admettre son acte que si chacun de ses amis présents accepte d'en prendre une pièce. De la même manière, l'homme qui affirme être son propre maître est obligé d'affirmer et d'admettre que chaque chose est maître de soi.
Ainsi, en cette traître position, le moi se trouve dans l'ignorance absolue. Quoiqu'il connaisse des milliers de sciences, il est très ignorant, d'une crasse ignorance.
En effet, lorsque ses sens et ses pensées lui apportent les lumières de la connaissance de l'univers, celles-ci s'éteignent. Il ne trouve pas en lui-même matière à les approuver, les éclairer et les perpétuer. Tout ce qui arrive se teint de ses couleurs à lui. Si la sagesse pure arrive, elle se transforme en lui en absurdité absolue.
La couleur du moi dans cette position vire à l'idolâtrie, à la rupture avec le Créateur et à la négation de celui-ci. Si l'univers entier s'emplissait de signes resplendissants, un point obscur dans ce moi les éteindrait, les ôterait à la vue. Dans
Médite cela : dans le monde de l'humanité perdurent depuis le temps d'Adam jusqu'à présent deux grands courants, deux ordres d'idées, semblables à deux grands arbres qui se déploient tous azimuts et dans tous les niveaux de l'humanité, l'un étant la lignée prophétique et religieuse, l'autre celle de la philosophie et de la sagesse.
Chaque fois que ces deux lignées se sont accordées et unies, c'est-à-dire chaque fois que la lignée philosophique a intégré et servi la lignée religieuse en lui obéissant, le monde de l'humanité a connu une vie sociale et un bonheur rayonnants. Mais chaque fois qu'elles ont divergé, tout le bien et toute la lumière se sont concentrés autour de la lignée prophétique et